Pour la petite histoire, durant une bonne partie de l’été, je m’étais intéressé de très prêt à un chariot profilé, l’Egotrike (https://ultralightdesign.cz/ego-trike/), équipé du même système propulsif que le Swift et qui s’accroche sous un Atos VR disposant d’une structure renforcée pour accepter la masse supplémentaire. La masse maxi autorisée au décollage de mon aile étant limitée à 180 kg, si j’achetais ce chariot, je devais acheter un nouvel Atos VR renforcé pour pouvoir voler motorisé. De fil en aiguille, mes contacts m’ont amené, depuis les Pyrénées jusqu’en république tchèque, en passant par l’Alsace, le Nord de la France et l’Allemagne, à discuter avec le constructeur de ce chariot, un certain Miloslav, qui fabrique aussi toutes les pièces en composite intervenant dans la structure des Atos. Le personnage m’avait paru ouvert, très compétent, et à l’écoute des questions de ses clients potentiels. J’ai entrepris avec lui une opération de séduction acharnée, au cours de nos nombreux échanges fructueux et approfondis. Miloslav m’avait fait plusieurs propositions financières et m’avait même invité chez lui, entre Prague et la frontière allemande, pour des essais en vol sur une ancienne base aérienne désaffectée (de préférence le matin en l’absence des turbulences atmosphériques, bien entendu). Il m’avait également mis en relation avec un pilote français dans le Nord qui vole déjà avec ce système et qui devait, coïncidence de l’histoire, descendre à Aspres juste pendant la semaine où j’y étais aussi, ce qui me permettait de voir le chariot, au sol comme en l’air, avant de m’aventurer éventuellement 1200 km à l’est de ma contrée. Pour Miloslav, j’étais un client quasiment acquis. J’étais moi-même sincèrement intéressé. Quand je l’ai éconduit début septembre, il ne paraissait pas très content, même si cela ne concernait que le domaine des affaires. Comme il voulait comprendre, mes explications convergeaient en faveur du Swift et en défaveur de l’Egotrike:
– avec la même motorisation électrique et notamment avec la même batterie, et avec leur parachute respectif, le Swift est plus léger que l’Egotrike + Atos VR 190 avec une voile entièrement en Technora;
– le Swift offre une manoeuvrabilité étonnante, et permet notamment au pilote de combattre dans des cisaillements violents pour trouver le thermique (l’épisode à Durbonas en Egotrike, on oublie);
– la finesse max du Swift est de l’ordre de 26, contre 13 environ pour l’Egotrike + Atos avec une voile toute neuve (il n’y a pas photo!), et le taux de chute mini est équivalent à celui de l’Egotrike + Atos;
– l’Egotrike replié étant trop grand pour rentrer dans mon véhicule, je devais de toute façon investir dans une remorque (même si celle de l’Egotrike aurait certes été plus petite que celle du Swift);
– l’Egotrike est un magnifique produit très bien fini, mais… la hauteur démesurée d’accrochage de l’Atos (entre 2 m et 2 m 50 par rapport au sol) rend l’usage de l’ensemble possible uniquement par temps calme, car l’Atos n’a pas de câbles inférieurs latéraux reliés à la barre de contrôle comme sur les ULM pendulaires (seulement un fil fin élastique de chaque côté qui « retient » l’aile au chariot), en plus le dièdre de l’aile est positif, et en cas de vent de travers au roulage, l’ensemble est fort susceptible de se retourner tout simplement comme une crêpe (d’ailleurs le pilote venu du Nord à Aspres ne volait avec son Egotrike que pendant les matinées, voire autour de midi…);
– le Swift accepte un vent traversier au décollage jusqu’à 25 km/h (très bien !);
– le Swift étant fabriqué en matériaux composites, il n’y aucune voile à remplacer au bout de quelques années, alors que le matériau Technora, s’il ne rétrécit pas, s’use assez rapidement avec les ultraviolets et le transport (et une nouvelle voile d’Atos coûte très cher);
– même avec des réductions, le prix de l’Egotrike (modèle de démonstration de Miloslav) + Atos VR 190 (ou VX) n’était pas tellement inférieur à celui du Swift, et la différence, certes significative, était trop faible au regard du gouffre entre les possibilités offertes par chaque appareil;
– enfin, si je m’étais engagé pour acheter un Egotrike, j’aurais dû (service convenu avec Miloslav moyennant finance) me farcir toutes les démarches invraisemblables auprès de la DGAC pour obtenir la certification constructeur de ce nouvel appareil en France… Une entreprise kafkaïenne dont mon ange gardien m’a préservé bien avantageusement ! (pour le Swift motorisé électrique, la procédure est plus simple, il suffit de déclarer, à titre individuel, seulement une modification majeure pour le « dispositif d’envol électrique »).
Photos de l’Egotrike : https://photos.app.goo.gl/aMzTwM7KxqJCbcgw9
En conclusion, le Swift motorisé électrique est une « bête » de course qui offre les moyens de réaliser des beaux vols sur la campagne, tandis que l’Egotrike + Atos VR 190 est fait pour des vols « pépère » du matin ou du soir, ou du moins en air calme avec des thermiques tranquilles…
Par ailleurs, et c’est un atout très précieux, voler en Swift me permet d’intégrer une équipe motivée et dynamique constituée d’excellents pilotes, qui me tendent les bras pour les rejoindre… c’est formidable !